Sprout, un bijou d’originalité dans la dramasphère japonaise

Publié le : 01 novembre 201810 mins de lecture

Adapté du manga Seed of Love d’Atsuko Nanba (Editions Soleil Manga), Sproutse démarque incroyablement du drama classique japonais. Ikenouchi Miku est une jeune lycéenne tombée amoureuse de l’un de ses camarades l’ayant sauvée, mais dont elle ne connait pas l’identité. Dès le premier épisode, les parents de Mikudécident de transformer leur demeure en foyer et y accueillent trois étudiants.Narahashi Sôhei fait partie de ces jeunes locataires, étudiant au même lycée queMiku, il est en couple avec Ozawa Miyuki. Nous suivrons alors les péripéties amoureuses de ces lycéens, dont les relations se compliquent lorsque Miku, qui sort alors avec Katagiri Hayato, le meilleur ami de Sôhei, découvre que ce dernier est en fait la personne qu’elle recherchait depuis des mois.

 

L’originalité de Sprout se traduit en premier temps par le format inhabituel de ce drama. Il ne se compose en effet que d’une douzaine d’épisode de 23 minutes. Ce qui, d’emblée, peut paraître surprenant, s’avère finalement ne pas être un si mauvais choix, puisque le format fonctionne plutôt bien, mettant en avant la finesse du cadre, et permettant au spectateur de ne pas perdre le fil ou de s’ennuyer comme cela peut être le cas avec un format de 40 minutes.
Le spectateur se voit ainsi totalement immergé, d’autant plus que le choix de la musique est remarquable. Signée Grouplove(groupe américain), elle marque à son tour une ambiance délicate et fraîche, en total accord avec le thème du drama, qui s’agrémente de charmants paysages. Cette douce ambiance se voit également provoquée par un choix de réalisation prônant le délicat. L’histoire se déroulant en effet du point de vue de Miku, ses pensées les plus importantes sont reportées à l’écran par écrit, sur fond blanc afin de les mettre bien plus en avant. Les quelques silences et parties musicales ponctuent aussi parfaitement le drama, toujours dans cette agréable ambiance.

 

Mais s’il est un autre point remarquable du drama, ceci est sans aucun doute la mise en avant d’une nouvelle génération d’acteurs au talent incroyablement prometteur. La première à se démarquer est bien évidemment Morikawa Aoi (Miku), âgée de 17 ans lors du tournage, elle se révèle extrêmement touchante et crédible dans le rôle de cette adorable lycéenne qui recherche désespérément son héros. Son jeu est d’autant plus incroyable qu’il s’agit pour elle de son premier drama, de quoi prédire une très belle carrière, un nouveau talent à suivre de près.
Autre bonne surprise, Chinen Yuri (Sôhei), à seulement 19 ans et après quelques participations sur plusieurs dramas, il se voit ici confier un rôle de prime importance, et dont il tient parfaitement les responsabilités. Eloquent, il réussit à s’imposer dans son jeu d’acteur pour notre plus grand plaisir. A croire que le jeune membre du groupe Hey! Say! JUMP a lui aussi une carrière toute tracée.
Et si Lewis Jesse (Hayato, 16 ans, membre du groupe Hip Hop JUMP) et Kojima Fujiko (Miyuki, 19 ans) ont du mal à se démarquer et démontrer leur talent dans Sprout, ils ne sont qu’au début de leur carrière et n’auront certainement pas de mal à prendre en assurance par la suite.
Mention spéciale, cependant, aux acteurs secondaires (étudiants locataires, amis de Miku et Sôhei, frère d’Hayato), qui, âgés de 15 à 20 ans, sont d’une légèreté, d’une fraîcheur et d’une drôlerie incroyables, parfaitement adaptés du manga. Un véritable plaisir à regarder, et une incroyable curiosité de les découvrir dans d’autres dramas ou films dans le futur.
Hormis la nouvelle génération, notons aussi l’excellent jeu des parents de Miku (Horibe Keisuke et Tanaka Ritsuko), bienveillants et protecteurs envers les jeunes.

 

C’est donc par le biais de cette nouvelle génération d’acteurs que le spectateur découvre, de paire avec le thème du drama, lequotidien de la jeunesse japonaise, et particulièrement des lycéens, toujours ponctuéSprout de la superbe OST. Celle-ci se voit d’ailleurs parfaitement synchronisée avec l’ambiance fraîche et délicate ainsi que la candeur de ces jeunes, mise en scène dès le générique. Les acteurs courant en effet en maillots de bain sur la plage, enchaînant les saltos et autres fous rires, le tout sur la musique Hana Egao de Hey! Say! JUMP.
Le spectateur est alors totalement immergé dans ce quotidien, le réalisateur ayant mis en avant les paysages dont les lycéens japonais ont l’habitude : salles de classes, lycée, terrains de sport, maison (notons que celle des Ikenouchi est incroyablement ressemblante à celle du manga), le tout durant la période estivale. De quoi donner envie au spectateur, qui s’imagine déjà avec ces jeunes sur le perron d’une maison japonaise, en plein été, dégustant du thé par une forte chaleur, le tout teinté du doux bruit d’un carillon et de cigales.
C’est d’ailleurs un rôle tout aussi important que tient la nature dans ce drama, et en particulier les plantes (Sprout signifie une pousse ou un germe en anglais), entretenues par le père de Miku et présentes durant toute la série, elles représentent l’amour et son développement dans le temps. A noter le clin d’œil fait à cette nature à la fin du drama, où l’on voit s’épanouir une plante à partir de la graine qu’elle était.
Autre que la nature, la maison, située en dehors de la ville, disposant d’un grand jardin et d’une terrasse, ainsi que le carillon qui y est accroché sur le perron sont au centre de Sprout et des relations des personnages.

 

Il est toutefois regrettable que le manga n’est pas été mieux adapté. En effet, de nombreuses situations ont été omises (barbecues, festivals, camping…), et plusieurs détails ont été rapidement passés, voir totalement supprimés. Ceci étant sans aucun doute provoqué par le format du drama (12x23min), qui se voit trop rapide pour aller plus en profondeur dans l’histoire et les relations des personnages. L’idée d’un format court aurait donc été bonne, si plus d’épisodes avaient été produits, 12 étant trop peu pour réellement s’attacher aux personnages, dont les relations sont quelque peu bâclées. Et principalement lors du dernier épisode, durant lequel une ellipse temporelle d’un an est faite. Il est regrettable que les sentiments des personnages aient été passés à la trappe, et que la situation finale ne mette que 10 minutes du drama pour changer du tout au tout. De même, il aurait été intéressant de connaitre l’avenir des personnages secondaires et non seulement celui de Miku et Sôhei.
Autre les omissions de certaines situations, il est aussi quelque peu dommage que certains personnages du manga (comme le frère de Miku) ne fassent pas partie du drama, bien que tous les personnages adaptés de la BD y soient incroyablement fidèles. Enfin, quelques changements dans la trame principale du manga ont été faits, ce qui, lorsque l’on a lu celui-ci, peut s’avérer dommage.

 

Sprout est donc un petit OVNI dans le monde des dramas japonais de l’année 2012.
Il est cependant très agréable à regarder, du point de vue du format cours, mais également de l’ambiance qui s’en dégage, par le jeu des acteurs, le cadre et la musique. Le spectateur se voit en effet immergé dans la situation et s’y imagine déjà.
Toutefois, même s’il est à noter une nouvelle génération d’acteurs incroyables et une grande fidélité des parties adaptées au manga, il est regrettable de voir que ces parties sont minimes, et que plus de détails auraient pu être abordés. Le format bâclant aussi quelque peu les relations entre personnages, plusieurs épisodes de plus n’auraient été que bienfaiteurs.
Cependant, mis à part cette comparaison au manga et le manque cruel d’épisodes supplémentaires, le spectateur passe tout de même un bon moment devant le drama en lui-même. En effet, le manga mis de côté, Sprout est véritablement intéressant, touchant et plaisant à regarder, particulièrement en hiver, car il faut bien le dire, il est le type même de drama à vous réchauffer le cœur et vous apaiser.

Sprout

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